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Alice Munro, Prix Nobel de littérature 2013


L’écrivain canadienne de langue anglaise est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles. C’est la première fois que ce genre est récompensé par un Nobel.

Alice Munro à New York, en 2009.
Alice Munro à New York, en 2009. © Paul Hawthorne/AP/SIPA
Le prix Nobel de littérature 2013 a été décerné jeudi à la Canadienne anglophone Alice Munro, 82 ans, décrite comme “la maîtresse de la nouvelle contemporaine”. Elle est la première ressortissante du Canada à décrocher ce prix de littérature, et la treizième femme au palmarès. C’est également la première fois que le genre de la nouvelle est récompensé par l’Académie suédoise. Depuis plusieurs années, Alice Munro figurait en bonne place parmi les nobélisables, les spécialistes du Nobel estimant que l’élégance de son style en faisait une candidate très sérieuse. “Munro est appréciée pour son art subtil de la nouvelle, empreint d’un style clair et de réalisme psychologique”, a indiqué l’Académie dans une biographie.Malgré le succès et une moisson impressionnante de prix littéraires qu’elle engrange depuis quarante ans, Alice Munro est restée discrète, à l’image des personnages de ses nouvelles, essentiellement des femmes, dont ses textes ne mettent jamais en relief la beauté physique. Un écho, peut-être, des influences puritaines ayant marqué le milieu de son enfance. “Ce n’est pas un écrivain mondain, on la voit rarement en public, elle ne court pas les lancements”, observe David Homel, écrivain, traducteur et critique littéraire américain établi à Montréal. Autrement dit, involontairement, Alice Munro, toute brillante, digne et élégante qu’elle est, n’en apparaît pas moins comme l’anti-Margaret Atwood, l’autre grande dame de la littérature anglophone canadienne.

Née le 10 juillet 1931 à Wingham dans l’ouest de la province de l’Ontario, elle y a connu de près la société rurale. Son père, Robert Eric Laidlaw, était éleveur de renards et de volailles, et sa mère institutrice. À peine adolescente, elle décide de devenir écrivain et ne déviera jamais de sa voie. “Je n’ai aucun autre talent, je ne suis pas intellectuelle et me débrouille mal comme maîtresse de maison. Donc rien ne vient perturber ce que je fais”, déclarait-elle il y a quelques années. Sa première nouvelle, The Dimensions of a Shadow, est publiée en 1950, alors qu’elle est étudiante à l’université de Western Ontario. C’est lors de ses études qu’elle rencontre James Munro, l’épouse en 1951 et part avec lui pour Vancouver (ouest du Canada). Le couple aura quatre filles. En 1963, ils s’installent non loin de là, à Victoria, et y ouvrent une librairie, Munro’s Books, un magasin devenu depuis célèbre au Canada et aux États-Unis.

“Notre Tchekhov”

Elle reçoit le Prix du Gouverneur général pour son premier recueil de nouvelles, Dance of the Happy Shades (La Danse des ombres), paru en 1968. Elle en recevra bien d’autres, sans compter les récompenses étrangères, alors que ses nouvelles, souvent ancrées dans la vie simple du comté de Huron, en Ontario, paraissent dans des magasines prestigieux, dont The New Yorker ou The Atlantic Monthly. “Elle écrit sur les femmes et pour les femmes, mais elle ne diabolise pas les hommes”, dit David Homel. Ses sujets et son style, marqué par la présence d’un narrateur qui explique le sens des événements, lui valent d’être qualifiée de “notre Tchekhov” par la femme de lettres américaine d’origine russe Cynthia Ozick.

Son premier mariage ayant fini par un divorce en 1972, elle s’installe comme “écrivaine-résidente” à l’université de Western Ontario. En 1976, elle se remarie avec Gerald Fremlin, un géographe décédé en avril dernier et avec qui elle a vécu dans sa province d’origine. L’une de ses nouvelles – qui a été adaptée au grand écran par Sarah Polley, en 2007, dans un film avec Julie Christie auréolé de deux nominations aux Oscars – est ressortie récemment sous le même titre que le film : Away from Her.

En 2009, elle a reçu le prestigieux Man Booker International Prize, avant de révéler avoir vaincu un cancer, une maladie dont était frappée l’une de ses héroïnes dans une nouvelle publiée en février 2008 dans The New Yorker. “Alice Munro est surtout connue comme auteur de nouvelles, mais elle apporte autant de profondeur, de sagesse et de précision dans chaque histoire comme le font la plupart des romanciers dans toute leur oeuvre”, justifiait le jury pour lui accorder ce prix. “Lire Alice Munro, c’est à chaque fois apprendre quelque chose auquel vous n’aviez pas pensé avant.” Toujours alerte à 82 ans, Alice Munro a publié en 2012 Dear Life, qui pourrait être son quatorzième et dernier recueil, assure-t-elle en expliquant vouloir suivre l’exemple de l’Américain Philip Roth.

Source: Lepoint.fr

Nobel de littérature: sur quel écrivain placer votre argent ?


Jour de Nobel dans les bureaux de BibliObs. (Jin Lee/AP/Sipa)Face à l’instabilité du contexte économique, la dégradation des dettes souveraines et la parution des très mauvais chiffres de la balance commerciale moldave, les investisseurs hésitent à prendre des risques sur les marchés financiers. Et ils ont raison !

Heureusement pour eux, il existe des marchés secondaires où il est encore possible de réaliser de belles plus-values. Notre conseil de la semaine : surveiller les fluctuations des valeurs sur le Nobel de littérature. Mais il ne faut pas traîner. La clôture des échanges aura lieu jeudi 10 octobre, dans l’après-midi, avec l’annonce des résultats annuels du Comité Nobel, réuni pour un conseil d’administration exceptionnel à Stockholm.

En attendant, rien ne vous empêche de vous positionner. Vous trouverez les cotes sur le site britannique Ladbrokes.com. Cela dit, attention aux mauvaises affaires. Contrairement aux années précédentes, où les investisseurs pouvaient toujours compter sur de mystérieuses fuites, la lisibilité du secteur suédois est mauvaise. Voici quelques tendances repérées par nos senior literary analysts qui vous permettront de vous y retrouver.

Haruki Murakami : attention aux valeurs trop sûres !

L’écrivain japonais a le vent en poupe. Le succès mondial de son produit «1Q84» ne se dément pas. Le troisième tome a séduit sa base-clientèle un an seulement après le lancement des deux premiers. Cela étant, nos experts en trading littéraire déconseillent fortement de s’engager sur cette valeur. La stratégie de l’Académie Nobel a souvent été la diversification à l’international; or elle vient tout juste d’affermir ses bases sur le continent asiatique, en recapitalisant Mo Yan, le leader chinois du roman animalier. Pour les mêmes raisons, on doute de l’opportunité de miser sur Ko Un, poète coréen qui a au moins l’avantage d’offrir un meilleur rapport que Murakami, placement trop prudent pour être vraiment rentable.

Alice Munro : la Canadienne a la cote

On ne présente plus la marque canadienne Alice Munro, qui domine depuis plus de 40 ans le secteur, très porteur outre-Atlantique, de la short story. Il y a trois ans, elle remportait le Man Booker International pour l’ensemble de sa production, jugée «pratiquement parfaite» par les décideurs anglo-saxons. Deux facteurs en font un placement à envisager: les Nobel n’ont jamais mené d’offensive au Canada ; et ils pourraient tenter de féminiser l’image de leur label (en vingt ans, seules cinq femmes ont bénéficié d’un bail out venu du froid). Nos analystes, qui ont les yeux rivés sur leurs écrans depuis des semaines, ont remarqué un frémissement à la hausse de sa cote, qui en onze heures s’est hissée au deuxième rang chez les donneurs d’ordres.

Svetlana Alexievitch : la roulette biélorusse

On sait que le Nobel est un marché hautement affecté par le contexte politique et les rapports Est-Ouest. Depuis les OPA sur Pasternak et Soljenitsyne, l’opposition suédoise à l’expansion soviétique et son effort pour permettre l’entrée de l’ancien bloc communiste dans l’économie de marché n’a échappé à personne. Dans la droite ligne de cette stratégie, le choix du conseil d’administration pourrait se porter, selon les plus hardis de nos analystes, sur Svetlana Alexievitch, écrivain-journaliste biélorusse. Auteure de livres sur Tchernobyl, sur la campagne militaire russe en Afghanistan ou sur«la Fin de l’homme rouge», titre de son dernier produit littéraire, tout juste lancé sur le marché français, elle a déjà séduit des agences de notation, comme l’ONG humanitaire Oxfam, qui lui a décerné un triple A en 2007. Placement risqué, mais très bonnes promesses de plus-value sur les plateformes de trading comme Ladbrokes, avec une possibilité de quintupler son investissement.

Joyce Carol Oates : le facteur industriel

Joyce Carol Oates ne connaît pas la crise. Depuis 1968, date de son apparition sur le marché littéraire, elle a publié 113 livres. Son secret ? Elle a su rationnaliser ses flux de production et diversifier son activité : roman, essai, nouvelle, poésie, littérature jeunesse, théâtre. Cette productivité industrielle à toute épreuve s’est accompagnée d’une capacité hors du commun d’adaptation aux nouvelles technologies, notamment sur Twitter où la somme de ses tweets pourrait remplir 113 autres livres. C’est connu : rien ne vaut une valeur financière adossée à une solide assise dans l’économie réelle. Le Nobel pourrait en outre être séduit par l’idée d’entrer sur le marché américain, qu’il a délaissé depuis 1993, année où Toni Morrisson avait décroché le fameux contrat.

Adonis : la Syrie, eldorado des investisseurs malins

Le bon donneur d’ordre prête toujours une grande attention aux évolutions du contexte géopolitique. Tandis que l’OIAC attend un cessez-le-feu pour détruire les armes chimiques de Bachar al-Assad, lepoète syrien pourrait recevoir le soutien la coalition suédoise. Ne soyons pas cyniques, mais n’oublions pas non plus que la guerre est l’amie des fortunes vite bâties.

Jon Fosse : l’hypothèse d’un protectionnisme scandinave

Il y a deux ans, le fonds monétaire du Nobel avait surpris la planète économique en attribuant son aide financière annuelle à Tomas Tranströmer, poète suédois nonagénaire. Nos analystes ont cette année repéré des mouvements intéressants sur l’action de Jon Fosse, dramaturge norvégien franchisé en France par Claude Régy et le regretté Patrice Chéreau. Sa cote a brusquement grimpé. Le Nobel a-t-il cédé à la tendance de la relocalisation économique? Face aux incertitudes de la globalisation, entend-il devenir un «locaprix»? Avis aux investisseurs audacieux : il y a des couronnes à se faire.

Ngugi Wa Thiong’o : l’Afrique, nouvelle terre promise

Tous les think tanks le disent: l’Afrique est un continent d’avenir. L’écrivain kenyan pourrait s’imposer comme la star des portefeuilles bien structurés. «Prisonnier d’opinion» célébré par Amnesty International après son année de réclusion pour une pièce de théâtre contestataire jouée en kikuyu devant un public populaire à la fin des années 1970, auteur de livres interdits par le pouvoir kenyan, exilé politique et grand habitué des universités anglo-saxonnes, Ngugi Wa Thiong’o apparaît comme un investissement compatible avec l’éthique corporate de la firme Nobel.

Peter Nadas : si le cœur vous en dit

Voilà quinze ans que le Hongrois Peter Nadas a lancé son superbe «Livre des mémoires» sur le marché européen, s’imposant comme une valeur sûre du secteur. On remarquera toutefois qu’il a négligé, dans sa stratégie d’expansion, son implantation éditoriale en Suède. En regardant les transactions passées ces derniers jours, force est de constater que certains investisseurs semblent lui faire confiance. Mais on vous met en garde: placement risqué.

Source: Le nouvel observateur