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A 15 ans, il passe des poubelles du Sierra Leone au MIT


L’intelligence ne connaît pas de frontières. Après avoir fabriqué de toutes pièces une station de radio ou encore un générateur électrique, un jeune Sierra-léonais a été invité à découvrir le MIT.

Kelvin Doe, 15 ans, n’est pas un jeune garçon comme les autres. Alors qu’il vit au Sierra Leone dans un petit village très rarement alimenté en électricité, il vient de devenir le plus jeune invité du MIT ,dans le cadre de son initiative pour le développement international. L’histoire de ce petit génie est de celles que l’on aimerait entendre plus souvent.

Dès l’âge de 13 ans, Kelvin bricole des appareils chez lui. Mais, pour les alimenter en électricité, étant donné la situation de son village, il lui apparaît vite évident qu’il aura besoin d’une batterie. Le problème, c’est que ces dernières sont bien trop coûteuses pour lui. Il décide donc d’en fabriquer une, alors même qu’il n’a jamais suivi de quelconques études d’ingénieur! En démontant de vieilles batteries, il observe leur fonctionnement, puis va récupérer les éléments dont il a besoin dans les poubelles. Après plusieurs essais, il atteint son objectif en assemblant du soda, de l’acide et du métal, le tout maintenu par du scotch!

Une radio libre créée à partir de détritus

Mais cette première étape n’est finalement qu’un entraînement. Quelques temps plus tard, encore une fois à partir de matériel récupéré dans les poubelles, il fabrique un générateur électrique! Grâce à cela, en plus d’éclairer sa maison et de permettre à ses voisins de recharger leurs téléphones, il parvient à alimenter une radio FM, qu’il a évidemment aussi fabriqué lui même. Grâce à un baladeur CD réparé, une antenne bricolée et une table de mixage, il anime tous les jours des émissions pour son voisinage.

Sa radio lui permet de passer de la musique, mais elle vise aussi à «donner la parole aux jeunes», comme il l’explique dans une vidéo réalisé par THNKR .Ses amis jouent le rôle de reporters et d’animateurs, interviewant des membres de la communauté ou des supporters lors des matchs de football du coin. La moyenne d’âge de l’équipe ne dépasse pas les 12 ans. «Avoir une radio dans notre communauté, cela nous permet de débattre des problèmes affectant notre village, mais aussi le Sierra Leone dans son ensemble» plaide-t-il. Il se sert également de son matériel pour animer des fêtes d’anniversaire ou des événements du village. Son nom d’artiste? DJ Focus, parce que selon lui «si vous vous concentrez (focus en anglais, ndlr) vraiment, vous êtes parfaitement capable d’inventer».

Finalement, c’est grâce à David Sengeh, un étudiant Sierra-Léonais du MIT que Kelvin va être repéré. L’innovation étant à ses yeux un facteur clé pour le développement d’un pays, il lance un challenge s’adressant aux lycéens du pays, «Innovate Salone». «En mars 2012, nous leur avons demandé d’inventer des solutions aux problèmes auxquels ils étaient confrontés dans leur vie quotidienne. Six semaines plus tard, plus de 300 jeunes nous avaient proposé des projets, répondant à certains des problèmes les plus importants du Sierra Leone» précise-t-il à CNN .C’est durant ce programme qu’il fait la rencontre de Kelvin Doe.

A la découverte de l’Amérique!

Tout s’accélère alors pour le jeune homme. Impressionné par sa débrouillardise et son intelligence, David Sengeh plaide sa cause au MIT et lui obtient une invitation de 2 semaines pour découvrir les laboratoires, suivre quelques cours et perfectionner ses connaissances. Il s’occupe de son visa et de son voyage. Au programme, visite de New-York, mais aussi une rencontre avec le président deHarvard !

Si l’expérience lui apporte beaucoup, la vie aux États-Unis ne semble pas réellement le séduire. La froideur des gens l’a particulièrement marquée. «Dans son village, il est habitué à dire bonjour à tout le monde» analyse David, son mentor. «Il a aussi eu du mal à s’habituer à la nourriture!». A entendre le jeune Kelvin, tout cela n’a de toute façon pas beaucoup d’importance. «Tout ce que je veux, c’est aider ma famille, rendre la vie de mes proches plus facile». Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne manque pas d’idée pour y parvenir: «je veux construire une éolienne, pour fournir de l’électricité à tout mon village!».

Pour plus d’informations sur l’initiative «Innovate Salone»: innovatesalone.org

Totalement autodidacte, Kelvin Doe a été invité, à 15 ans, à visiter le MIT. Capture d’écran de la vidéo de THNKR lui étant consacré.

La mémoire et l’exil dans le sang de l’oubli


Ecrire a toujours été un acte de résistance, en parfaite complicité avec la lecture. Le premier droit d’un poète, si je parodie Daniel Pennac, serait donc de ne pas écrire ou de ne pas dire. Le refus de la parole débouche souvent sur une forte poétique, une quête du vide et du silence. Voilà donc la tentative menée par Jean Mino dans son livre « Le sang de l’oubli ».

Ce livre se réclame d’une poétique de remise en cause qui n’est pas sans rappeler Magloire Saint Aude et Davertige. On reprochera à Mino, sans doute son style brut ou son surréalisme, mais l’auteur sait traiter avec art les plus grandes thématiques de la poésie haïtienne : L’exil et la mémoire.

Mino est crimologue et mène sa barque aux Etats-Unis et en Europe.  Il sait, en tant que crimologue averti, que le sang est un indice clé, une invitation à ce refus de la parole…

Le sang de l’oubli peut être perçu comme un rejet de la mémoire, une quête de soi-même, une mémoire qui se laisse (trans)former.

” Je pars en quête

De moi-même à l’unisson

Du rêve et de la banalité

 Dans le quai du silence”

La mémoire chez Mino n’est pas toujours consciente. Elle est parfois la “Memoire [de] l’oubli”, une quête de son identité ou de sa carte “sans indentité”. Mino clame ainsi sa non-identité, son non-être et son refus du souvenir dans des textes courts qui sonnent comme des cloches mortuaires.

Il apparait tôt

Des larmes cendrent mes yeux

La vie déroute”

Ce recueil d’une quarantaine de textes peut être vu comme le testament d’un exilé. Ce thème est séculaire dans l’histoire de la littérature, mais ce qui est nouveau avec Mino, c’est la dimension poétique de l’exil. Il ne s’agit pas ici d’une fuite forcée d’un régime politique mais plutôt d’une fuite d’un mal existentiel. L’auteur crée ainsi ses ilots de solitudes et les peuple de mots errants, faits de toutes les carcasses humaines. Le refus de la parole cité plus haut serait donc confondu chez Mino avec cette envie de casser sa solitude, de sortir de son exil et de lancer à la face du monde la laideur de la bêtise humaine et du sang.

Il n’ y a que moi

Pour compter les pas

Dans cette nuit d’émoi

Nuit solitaire à la densité

Des îles”

[…]

“Je fus soupoudré de douleur

De peine et de malheur

Je suis poète assassiné”

Dans sa préface, Denise Bernhardt a bien vu qu’il s’agissait ici d’une quête du Moi dans l’exil : Fuir pour être plus près et refuser de dire pour écrire.

Dans « Le sang de l’oubli », les paysages sont macabres. L’univers de Jean Mino est marqué par cet élan créateur, ce saut poétique que fait tout homme devant l’immense absurdité du vide.

 Le sang de l’oubli, Jean Paul Mino, Ed. Ruptures, Mai 2012

Webert Charles

cwebbn@yahoo.fr

 

 

Mwen pa defèt anyen


Souvni-w kwoke nan chanm lan
Kou yon bato ki chwe abò rivay
Avèk regrè kaptenn doulè dayiva

Mwen pa defèt foto-w
M’pa defèt solèy
M’pa defèt lodè-w
Bri kò-w pou mizik kè-m

Mwen pa defèt rèv
Pou istwa-n pa gen fòs kote
Ojis mwen pa defèt anyen

Pierre Moise Celestin (In Kapital chèdpoul)