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NE PARS PAS


Ne pars pas

Ici il y a des gens qui t’aiment

Ne pars  pas

Nos  rues sont devenues les tiennes

Nous partageons le même pain.

 

Nous t’avons ouvert

Les pages de nos livres

Sous le silence opalescent

Des lampes.

 

Nous t’avons confié

Des siècles d’histoire et de savoir.

Et tes pas devant la Basilique

Se mêlent aux pas

Venus de toute part

 

Ne pars pas

Ici tu peux être toi-même

Tes rêves ont grandi sur notre sol.

Et tu verras un jour

 un enfant rire

Sur tes genoux.

 

La vie est là

Coulant sous les platanes

En bord de Seine,

Ne pars pas

Ici tu as quelqu’un qui t’aime.

 

            Denise Bernhardt

           le 20 Janvier 2013  à Montmorency

Le Tremble


La forêt est si dense

Que les chemins serpentaires

Se coulent sous les feuillages

Et des berceaux de lumière

Ont fait leurs nids dans les ronciers.

Le tremble des acacias

Veillera sur nos étreintes blotties

Sous les surgeons des châtaigniers.

Viens,  l’herbe est si douce

Et ton sexe de jeune daguet

Se fait velours sous mes doigts.

Glisse –toi comme j’aime

Par effraction d’amour

Dans la ville interdite

Toute laquée de pourpre

Pour que se dilue ton histoire

En  strates de plaisir.

Nos ardeurs ont mêlé nos racines

Ne pars pas, ne pense pas !

Ma vie toute entière tient entre tes mains

Tu es le maître de la lampe.

Je veux laisser mes doigts se prendre

A la résille drue de tes cheveux,

Et que ta langue me butine

Comme un papillon de nuit,

Je veux que nos cuisses se débattent

Telles des truites vives

Sur les herbes humides,

Et que tes  caresses , mon amour

Soient une moisson de goémons

Ruisselants sur nos corps.

Ne pars pas,

Chaque absence déchire

Des fragments de ciel.

Ecoute le silence des pierres

Tout un monde palpite

Dans leur danse immobile.

Laisse moi m’endormir

Tout près de ton visage,

Ton front, tes yeux, ton nez, ta bouche,

Une musique de si loin venue

Pour égrainer la nuit.

Fermons les yeux,

La brise file nos paupières,

Ta bouche a la beauté

Des îles coutumières,

Tandis que mes baisers étoilent

Les paumes de tes mains.

Denise Bernhardt

Le 05 08 2008

EN SOUVENIR DE TOI


 

J’aimerai mourir comme on s’endort

Mes yeux peu à peu s’ensommeillent,

Et je sens  ta vie drossée contre mon corps.

J’aimerai emporter ton regard,

Ma fontaine d’ombre

De l’autre coté du temps,

Mes mains cherchant

Le berceau de tes mains.

 

J’aimerai mourir comme on s’endort

Dans tes bras immuables

Ta bouche butinant mon visage

Tes doigts perdus dans mes cheveux.

 

Je suis passée au bord du lac.

 

Nous sommes tous les deux sur ce banc

Avec posé sur nos genoux

Le poème  de ton premier amour

Que nous traduisons,

Toi Créole, moi Française,

Mariant nos pensées aux reflets ardoisés

Des froideurs  de Novembre.

Tu as illuminé de tes mots

Ton village d’outre monde :

« Allons à l’Asile * chérie…» 

J’écoute murmurer la rivière tropicale

Et le frissonnement des feuillages

Qui font palpiter sur sa robe

Des  poissons de lune.

L’onde  chuchote, grignotant le silence

Et tu savoures l’instant

Où ses lèvres corolles

S’ éveilleront  sous tes  baisers.

 

Mais tu es là ,

Sous le ciel d’Ile de France

Tu m’interroges,

Les mots s’effritent sur mes lèvres

Nos corps se figent.

Les prémices de l’hiver mordillent les platanes.

Je voudrai poser ma tête sur ton cœur.

Le crépuscule envahit les berges qui se fondent

A l’horizon.

Les cygnes s’éloignent sous les saules

Et nous nous en allons, blottis

Au creux de la petite voiture bleue

Qui nous emmène tout au bout du rêve

Par les chemins de nulle part

 

Denise Bernhardt

Montmorency,  le 3 Décembre 2008

* l’Asile, petite ville d’Haïti